L'univers onirique de Lucrecia de León recréé par José María Merino ("Las visiones de Lucrecia", 1996)

Ouvrage publié sous la direction de Amadeo López & Béatrice Ménard. Actes du 4e colloque international organisé par le GRELPP à l'Université Paris-Nanterre du 25 au 27 mars 2010. - Textes en français et en espagnol.International audienceS'inscrivant dans le cadre d'une poétique fondée sur les interférences entre le réel et toutes les formes de fiction, le rapport entre les rêves et la réalité est l'un des thèmes privilégiés par l'écrivain espagnol José María Merino (La Coruña, 1941), depuis ses premières productions romanesques à l'aube des années quatre-vingts. Plus encore, c'est sur cette seule et même question qu'il allait faire reposer "Las visiones de Lucrecia" (1996), un roman qui s'offre comme une chronique de l'existence de Lucrecia de León (1567- ?) et comme une approche de cette personnalité extraordinairement rêveuse, visiblement prophétique, pour certains diabolique. Consacrée à cette œuvre, l'étude s'intéresse en priorité aux modalités narratives par lesquelles l'écrivain parvient à signifier l'intensité de l'activité onirique de sa protagoniste, et à en montrer les incidences sur la personne de cette dernière. On expose comment José María Merino procède à une recréation fort concrète des rêves de son personnage, rêves dont l'ensemble en vient à constituer un métarécit qui, lorsqu'il n'expose pas les désirs et les pulsions les plus secrètes de la jeune femme, joue du contrepoint avec la réalité historique de son temps, également recomposée. Cette œuvre est d'autant plus intéressante pour nous qu'on peut aussi y lire les interprétations, pas toujours convergentes, que les rêves de Lucrecia de León suscitèrent dans son entourage. Il est clair qu'il s'agissait pour le romancier de donner à percevoir l'esprit d'une époque à travers cette œuvre, tout en permettant à son lecteur de voir dans les visions cauchemardesques de l'héroïne une parabole des temps actuels..